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L’EDITO : A PROPOS DU DROIT AU BLASPHEME


L’assassinat sauvage de l’enseignant Samuel Paty pour avoir exercé son métier le 16 octobre dernier a suscité de vives réactions. Appels à la haine, rappel de la liberté d’expression, besoin de modifier la loi, tous les avis ont été entendus. Cet acte ignoble semble être l’occasion de rappeler quelques faits et lois qui permettent à la démocratie de s’appliquer en France.


Commençons tout simplement par une petite définition. Le terme blasphème regroupe toute « parole ou discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré. » (Dictionnaire Larousse). En France, le blasphème n’est donc plus un délit depuis la Révolution Française. La liberté d’expression est devenue au fil du temps l’un des piliers principaux de la démocratie française. Ce principe n’a d’ailleurs toujours pas changé. La Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 a évidemment donné au droit de blasphème français une couleur particulière par rapport à d’autres pays.



En 2007, la publication de deux caricatures du prophète Mahomet secoue la France. La communauté musulmane est profondément choquée par les dessins moqueurs. La Grande Mosquée de Paris engage alors des poursuites devant le Tribunal Correctionnel. C’est l’occasion pour la justice de rappeler que le délit de blasphème n’existe pas en France. La suite des évènements, tout le monde la connait. Le 7 janvier 2015, deux islamistes radicaux font 12 victimes parmi les équipes de Charlie Hebdo pour venger leur prophète. La presse nationale est meurtrie, les enfants posent des questions, les adultes sont choqués. La France reprend alors conscience de son attachement à la liberté d’expression, mais également et plus que tout, au droit de blasphème.

La décapitation de Samuel Paty, assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans le cadre de son cours, a replongé la France dans un émoi palpable. Mais la situation est différente de celle de 2015. Bien sûr on rappelle l’importance de la liberté d’expression mais plusieurs voix se lèvent afin de rappeler que le blasphème est un principe qui choque et qui déplait à certains. Le gouvernement, qui rappelle avec fermeté que le blasphème n’est pas un délit, se fait attaquer par le monde musulman international qui ne supporte plus les caricatures de son prophète. D’autres états comme le Canada soulignent que la liberté d’expression est vitale mais qu’elle a des limites. Effectivement, les anglo-saxons ne comprennent pas notre attachement au blasphème, qu’ils trouvent irrespectueux et impossible chez eux.


Mais alors, que dit réellement la loi à propos du blasphème ? Comme rappelé plus tôt, le blasphème n’est plus un délit en France depuis 1789. Cette liberté d’expression, si chère aux français et dont fait partie le droit au blasphème, est une « liberté fondamentale » protégée par bon nombre de lois.

La Déclaration des Droits de L’homme et du Citoyen de 1789 assure, par exemple, la « libre communication » pour tous. C’est grâce à cette loi que nous avons tout simplement le droit de nous exprimer.

L’article 19 de la Déclaration Universelle Des Droits De L’homme de 1948 est également l’une des protections les plus importantes de la liberté d’expression. Il stipule que « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, (…), les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. ». C’est grâce à cet article que nous pouvons exprimer librement notre opinion ou même nos croyances, aussi diverses soient elles, sans être inquiétés par l’état ou par les autres. Cet article protège également la presse.

La Convention Européenne Des Droits de l'Homme est quant à elle très protectrice de la liberté d’expression. Selon elle, la liberté d’expression est presque absolue car elle a un rôle d’intérêt général.


Evidemment toutes les lois citées imposent une limite à la liberté d’expression. Elle n’est pas absolue et ne doit pas être un prétexte pour encourager l’apologie, la provocation ou toute autre attaque personnelle.




La liberté d’expression est donc devenue un fondement fort et indispensable de la démocratie française. Tant qu’elle respecte la loi et les autres, elle ne doit et ne peut pas être réduite, elle ne doit pas céder à la terreur. C’est grâce à cette liberté que les français peuvent exprimer leurs idées en toute impunité, sans avoir à se soucier de représailles.

Mais attention ! le blasphème n’est pas un délit mais l’injure et la diffamation le sont ! La liberté d’expression n’est pas un prétexte pour dire n’importe quoi à n’importe qui ! Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas un avis mais un délit.



Il est interdit d’exprimer de telles idées. Le délit de blasphème n’existe pas dans notre pays et c’est un droit qu’il faut défendre.


Louise CORDIER

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