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Mon film du jour: Mommy



Mommy est un film québécois sorti en 2014 dont le réalisateur Xavier Dolan est la nouvelle sensation de ces dernières années. Dolan est qualifié par tous de géni obsédé par la vision de la mère, il la met en scène dans la plupart de ses films, 5 sur 9 pour être plus précise.

Surdoué, Dolan se jette dans la réalisation de son premier film, J’ai tué ma mère, à seulement 19 ans. En décrochage scolaire et ne sachant plus quoi faire de sa vie, il tente le tout pour le tout et appelle lui-même les services de sélection du festival de Cannes. Plus tard le réalisateur avouera les avoir harcelés jusqu’à ce que son film soit sélectionné. Il ne s’était pas trompé car J’ai tué ma mère rafle 3 prix sur 4 cette année-là, en 2009.

Avec la réalisation de Mommy, Xavier Dolan nous ressert sa recette du film parfait qui fonctionne. Un fils en conflit avec lui-même, une mère, plus que présente et torturée et son Québec qui fait partie intégrante de l’histoire, que ce soit à travers la langue, que Diane s’approprie si bien, que par les paysages du Québec en automne.

Dans Mommy, on ne fait pas uniquement la connaissance de Diane, la mère trop maquillée, fêtarde, vulgaire mais attachante. On y rencontre aussi Steve, le fils de Diane, écorché vif et TDAH (Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité). Steve est un jeune garçon violent qui sort d’un long séjour en internat spécialisé qui ne lui a pas permis de se débarrasser de sa colère. Il en a été renvoyé pour comportement violent.


On découvre dans ce film une relation fusionnelle, tendue, ambiguë parfois mais indispensable à la vie des deux personnages.

Des personnages forts et attachants


Dolan repart dans Mommy avec son actrice fétiche, Anne Dorval. Celle qui excelle dans le rôle de Diane, la mère a déjà joué pour lui 3 fois. Cette fois, l'actrice nous fait rire, quand elle invente des mots dans un québécois déjà trop familier. Mais elle nous fait également pleurer, dans des scènes d’émotions intenses avec celui qui joue son fils, Antoine Olivier Pilon. Lui se met à nu pour ce rôle qui lui colle si bien à la peau. Capable de passer d’un adolescent de 16 ans fan de musique à un jeune homme violent et suicidaire, Antoine Olivier Pilon est révélé par Dolan.

Un film ou la musique et les couleurs ont une importance capitale

Mommy c’est aussi un film où la musique joue un rôle aussi important que ses personnages. Dolan a fait le choix de réunir ses personnages principaux sur la chanson On ne change pas de son idole, Céline Dion. Cette scène plutôt légère nous montre la relation ambiguë entre un fils et sa mère qui s’adorent, se détestent et ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre.

L’une des scènes les plus violentes physiquement et émotionnellement, tant pour les personnages que pour le public, est également portée par une chanson : Vivo per Lei d’Andréa Boccelli que Steve chante à sa mère face caméra dans une scène plus qu’éprouvante pour le public.

La musique n’est pas la seule à avoir une importance capitale. Les couleurs sont aussi proéminentes et extrêmement utilisées dans le film. Dolan alterne entre couleurs chaudes pendant les moments joyeux et couleurs froides, qui contribuent à rendre les moments durs encore plus glaciaux.

Un format pas commun


Le film est en 1 : 1, c’est-à-dire un carré. Il est élargi à deux reprises au cours du film. Les deux fois on a l’impression que cette ouverture montre l’amélioration de la situation pour Steve et sa mère. Mais c’est faux, à chaque fois, le cadre se referme sur les personnages.

Dolan a tenu à filmer tout le long au format carre, il trouve que cela donne plus de charme et du caractère a un film qui n’en manque déjà pas.

Un film sombre

Mommy est par-dessus tout un film extrêmement sombre. De par son sujet tout d’abord : la maladie d’un fils et le désarroi de sa mère qui ne sait pas comment l’aider. Ce sujet alourdi l’ambiance générale du film.

Le film prend une tournure violente pour la première fois au cours de la scène durant laquelle, pour lui déclarer son amour, Steve offre un collier à sa mère. Persuadée qu’il l’a volé, Diane accuse son fils et exige la vérité. Steve, incapable de contenir sa colère et sa frustration, s’emporte et tente de violenter Anne Dorval pendant de longues minutes. Elle réussit à lui échapper mais on ne peut qu’imaginer la tournure qu’auraient prient les évènements s’il l’avait rattrapée.

Les trente dernières minutes sont une succession de scènes sombres qui font comprendre au public que la situation est sans issue. Mais une scène particulière plonge le public dans une révolte presque insoutenable. Dans cette scène, diane, fait croire à son fils qu’elle l’emmène en voyage. C’est au bout d’une minute ou deux que le spectateur comprend qu’elle l’emmène se faire interner. Steve comprend en même temps que le spectateur. S’en suit une scène extrêmement dure rythmée par les hurlements de haine et de peur de Steve. Mais aussi de ceux de diane, qui regrette son choix lorsque son fils adoré se fait frapper au sol par 3 hommes. Diane regrette instantanément son choix d’avoir placé son fils. Elle tente de le récupérer, mais en signant son internement, elle a été déchargée de ses droits parentaux et ne peut donc plus défendre ou récupérer Steve.

Mais c’est également un film qui traite des sujets sociétaux actuels, une mère célibataire prête à tout pour sauver un fils violent, des problèmes d’argent, des relations mère fils tendues, la dépression et le suicide…


Le concept Dolan va-t-il s'épuiser?

Cependant, on attend Dolan autre part. Ce rôle de mère qu’il aime tant et qu’il défend corps et âme risque de s’épuiser rapidement s’il est trop présent dans ses films. Dolan a beau dire qu’il ne parle pas des mères mais des femmes, son public risque de se lasser rapidement si c’est le seul sujet autour duquel tournent tous ses films.

De plus, le dernier film de Dolan, Matthias et maxime est le premier de sa filmographie a ne repartir avec aucun prix au festival de cannes après avoir été nominé plusieurs fois.

Ce film si complexe pourrait être résumé en quelques mots : émouvant, drôle, révoltant, triste, superbe.

Louise cordier

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